– L’Afghanistan demande à la Suisse de suspendre les rapatriements
Kaboul souhaite que les renvois de requérants d’asile déboutés soient reportés en raison de l’avancée des talibans et de l’augmentation des cas de Covid-19, a indiqué jeudi le Secrétariat d’État aux migrations.
Publié aujourd’hui à 12h01
L’exécution d’un renvoi forcé vers l’Afghanistan n’est actuellement «raisonnable que dans des circonstances individuelles particulièrement favorables» en raison de la «situation tendue» dans le pays, a annoncé le SEM.
AFP/WAKIL KOHSAR
L’Afghanistan a demandé début juillet à la Suisse de reporter de trois mois les rapatriements de requérants d’asile déboutés en raison de l’avancée des talibans et du coronavirus. C’est ce qu’a annoncé jeudi le Secrétariat d’État aux migrations (SEM), interrogé par Keystone-ATS. Il confirmait des informations de la «Neue Zürcher Zeitung» et de la radio-télévision alémanique SRF.
La demande de l’Afghanistan de surseoir aux renvois jusqu’en octobre a également été envoyée aux États membres de l’UE et à d’autres pays européens. Selon le SEM, les raisons invoquées sont les conquêtes territoriales par les talibans et l’augmentation des infections de Covid-19.
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Le SEM constate toutefois que les autorités afghanes n’ont pas imposé de restrictions générales à l’entrée sur leur territoire. Les ressortissants afghans peuvent donc continuer à rentrer volontairement, conclut Berne. Les personnes qui n’ont plus de statut de séjour régulier en Suisse et qui doivent quitter le pays peuvent continuer à se conformer à cette obligation et s’en aller de manière autonome.
«Situation tendue»
«Le SEM est conscient de la situation tendue en Afghanistan», précise-t-il. Aussi, l’exécution d’un renvoi forcé n’est donc actuellement «raisonnable que dans des circonstances individuelles particulièrement favorables» – par exemple si les personnes concernées disposent d’un réseau social durable. En outre, les rapatriements ne sont raisonnables que vers les trois villes contrôlées par le gouvernement, à savoir Kaboul, Herat et Mazar-i-Sharif.
L’Union européenne a appelé jeudi à «un cessez-le-feu urgent, complet et permanent» en Afghanistan, condamnant l’intensification des attaques menées par les talibans. «L’offensive militaire des talibans est en contradiction directe avec leur engagement à un règlement négocié du conflit et au processus de paix de Doha», indique un communiqué conjoint du chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell et du commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic.
L’UE a condamné en particulier l’attaque menée récemment contre les bureaux de la Mission de l’ONU (Unama) dans la province de Herat, l’offensive à Lashkar Gah qui a causé la mort d’au moins 40 civils et l’attentat qui a visé mardi le ministre afghan de la Défense Bismillah Mohammadi, faisant huit morts. «Cette violence insensée inflige d’immenses souffrances aux citoyens afghans et accroît le nombre de personnes déplacées dans le pays, à la recherche de sécurité et d’un abri», poursuit le texte.
Le SEM n’a pas prévu de rapatriements vers l’Afghanistan dans les semaines à venir. Selon lui, la dernière expulsion vers le pays a eu lieu en 2019 (six renvois), soit avant la pandémie de coronavirus. Auparavant, la Suisse a procédé à onze renvois forcés en 2017 et aucun en 2018. Par ailleurs, la Suisse a enregistré en 2020 le taux de protection des demandeurs d’asile afghans le plus élevé d’Europe (84%), avance encore le SEM.
ATS
Publié aujourd’hui à 12h01
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