– Taux d’intérêt: vers une normalisation?
OpinionSophie Chardon
Publié aujourd’hui à 09h30
Alors que le variant Omicron semble avoir plus d’impact sur les chaînes de production et potentiellement l’inflation que sur l’activité elle-même, l’attention des marchés se concentre désormais sur le resserrement des politiques monétaires par les banques centrales. Après plus d’une année et demie de politiques ultra-accommodantes, ce changement de cap, même mené avec prudence, pourra être source de nervosité sur les marchés en 2022.
Le processus de normalisation des taux s’est accéléré en ce début de 2022. En effet, le compte rendu de la réunion de la Fed en décembre a renforcé les attentes d’une accélération de la réduction de ses achats d’actifs et de trois relèvements de taux directeurs en 2022, à partir de mars.
Le même mois, la Banque centrale européenne prévoit de mettre fin à son programme d’achat d’actifs d’urgence, la région ayant connu une inflation annuelle record de 5% en décembre. Le mois dernier, la Banque d’Angleterre a annoncé sa première hausse de taux directeurs postpandémie, à 0,25%.
Face à cette vague d’actions témoignant d’un durcissement de ton, les rendements des obligations souveraines des marchés développés n’ont pas résisté et ont acté de manière relativement uniforme la confirmation de ce tournant dans la politique monétaire des banques centrales des pays développés.
Depuis la mi-décembre, les bons du Trésor américain à dix ans ont enregistré une hausse de près de 30 points de base (pb), à 1,78%, tandis que les taux réels ont augmenté de 25 pb, à -0,76%. Fait marquant, les anticipations d’inflation sont restées relativement stables, en dépit de la nouvelle accélération de la croissance des salaires décrite dans les derniers chiffres de l’emploi américain publiés en fin de semaine dernière.
«Depuis le début de la reprise post-crise du Covid, plusieurs épisodes de normalisation des taux d’intérêt ont été observés»
Ailleurs, le Bund allemand a également progressé de plus de 30 pb, à -0,03%. Les marchés boursiers ont été témoins d’une forte rotation vers les titres «valeur», en particulier l’énergie et le secteur financier, alors que les entreprises technologiques ont souffert. Depuis le début de la reprise postcrise du Covid, plusieurs épisodes de normalisation des taux d’intérêt et de fortes rotations sectorielles associées ont été observés.
Bien que violentes, celles-ci ont à chaque fois été suivies d’un repli des taux d’intérêt et d’une rotation inverse sur les marchés d’actions, de sorte que, in fine, les styles dits de «croissance», souvent associés à des titres du secteur de l’informatique, et de «valeur» ont fini l’année 2021 sur des niveaux de performance comparables.
Alors, pourquoi cette fois-ci cela serait-il différent? Parce que jusqu’ici, les banques centrales avaient eu le luxe de repousser les anticipations des investisseurs en termes de politique monétaire. En effet, dans le contexte de réouverture des économies, l’inflation était jugée bienvenue et temporaire. Mais maintenant que cette inflation est bien visible dans les salaires, il devient nécessaire d’agir.
Nous restons optimistes quant à l’évolution des marchés boursiers. Néanmoins, dans un environnement inflationniste, la sélection d’entreprises capables de protéger leurs bénéfices de l’augmentation des coûts sera cruciale. En ce qui concerne les marchés obligataires, et conformément à la normalisation de la politique monétaire américaine, nous sous-pondérons les obligations souveraines et de qualité (investment grade) en faveur du crédit asiatique et de la dette chinoise libellée en renminbi.
Notre exposition à l’or demeure inférieure à notre indice de référence stratégique, car la hausse des taux réels et le renforcement du dollar mettront le métal précieux sous pression.
Stratège cross-over Lombard Odier & Cie
Publié aujourd’hui à 09h30
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