– La Suisse ne cède pas à l’émotion
Le Conseil fédéral ne veut pas ouvrir grand les portes de la migration aux Afghans. À raison.
OpinionArthur Grosjean , Berne
Publié aujourd’hui à 21h07
Les images poignantes ont fait le tour du monde. Celles de ces Afghans qui envahissent le tarmac de Kaboul et dont certains s’accrochent désespérément à la carlingue d’un avion militaire américain en train de rouler.
Face au drame du retour au pouvoir des talibans, la Suisse doit-elle ouvrir grand ses portes à la migration des Afghans? Le Conseil fédéral a répondu non mercredi. Il n’a pas cédé à l’émotion et il a raison.
La gauche et certaines organisations non gouvernementales (ONG) crient au scandale. Il faudrait accueillir le plus rapidement et le moins «bureaucratiquement» possible au minimum 10’000 Afghans. Et comment fait-on? En laissant tomber le plus possible les contrôles jugés tatillons. On évacuerait fissa toutes les familles des collaborateurs d’ONG en Afghanistan, on distribuerait des visas à tous les Afghans ayant un membre de leur famille en procédure d’asile en Suisse et, bien sûr, on légaliserait tous les requérants d’asile afghans déboutés, dont le renvoi a été provisoirement suspendu.
«Des régularisations à la va-vite et en masse de personnes inconnues ne sont pas un gage de sécurité à long terme pour la Suisse.»
Cette politique humanitaire myope a un seul défaut. Elle répète les erreurs de la crise syrienne où l’Allemagne a laissé entrer en 2015 n’importe qui sur son territoire. À côté de nombreux exemples d’intégration réussie, le pays a aussi subi des attentats terroristes islamistes, des chiffres de la criminalité en hausse, des «crimes d’honneur» au détriment de jeunes femmes et une montée en flèche du parti d’extrême droite AFD.
La Suisse peut certes accueillir bien plus que les 230 Afghans annoncés. Elle le doit même. Mais cela doit se faire sérieusement, de façon contrôlée, en coordination notamment avec le HCR et par étapes. Des régularisations à la va-vite et en masse de personnes inconnues ne sont pas un gage de sécurité à long terme pour la Suisse.
Publié aujourd’hui à 21h07
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