– Un ovni dans l’islam romand
En donnant soudain de la voix en Suisse romande, l’une des plus anciennes associations musulmanes du pays met en lumière des tensions qui animent cette communauté.
OpinionChloé Din
Publié aujourd’hui à 19h58
C’est peut-être un ovni dans le ciel associatif musulman, mais il ne manque pas d’intérêt. Il fut un temps où la Coordination des organisations islamiques suisses (KIOS) pouvait revendiquer un écho national. Après un sommeil de plusieurs années, l’association tente un retour en se concentrant sur la Suisse romande.
Vu du canton de Vaud, elle arrive comme un chien dans un jeu de quilles. L’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM) y est déjà le visage de l’islam, représentant une dizaine de lieux de culte. Et même pour cette faîtière d’importance, la route vers la reconnaissance d’intérêt public est semée de gages à donner aux autorités.
«Il paraît normal que les pouvoirs publics s’assurent de la légitimité des acteurs qu’ils reconnaissent.»
La KIOS se fait fort de donner de l’écho à d’autres voix, qu’elle juge peu entendues. Au sein de la communauté chiite, minoritaire face aux sunnites, Mughees Husain explique l’adhésion récente à la KIOS de la Fondation culturelle islamique Ahl-al-Bayt, à Genève, dont il est secrétaire: «Ils mettent l’accent sur l’union de tous les musulmans. Cela nous intéresse forcément. Une petite association comme la nôtre n’est jamais consultée.»
À ce titre, la démarche de la KIOS est sans doute louable et nécessaire. Mais le propos qui l’accompagne interroge.
Dans sa première communication, l’association exprime en effet plutôt les rivalités qui animent en coulisses différents courants, associations et lieux de culte musulmans. En outre, la KIOS, qui ne compte à ce jour aucun lieu de culte parmi ses membres, estime que les autorités ignorent délibérément certaines initiatives venues de la communauté musulmane.
Il paraît pourtant normal que les pouvoirs publics s’assurent de la légitimité des acteurs qu’ils reconnaissent. Pour ces raisons, il est difficile de prédire un avenir à la KIOS en Suisse romande, mais son arrivée a le mérite de dévoiler des (res)sentiments jusqu’ici peu exprimés.
Publié aujourd’hui à 19h58
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