– Que reste-t-il de l’esprit des Jeux?
OpinionCourrier des lecteurs
Publié aujourd’hui à 09h50
KEYSTONE
Cologny, 6 février
Pour la première fois depuis 1956 (Cortina d’Ampezzo), je ne regarderai pas les Jeux olympiques d’hiver. Et pourtant j’aime et je pratique le sport, le ski en particulier, même si maintenant c’est plutôt la randonnée modeste que les folles descentes de ma jeunesse.
Dieu sait si les émotions ont été belles, l’œil rivé au poste de télévision, espérant une médaille suisse, tremblant presque autant que les lattes sur la neige gelée.
On les admirait, ces sportifs époustouflants, on rêvait de s’approcher de leurs performances avant de dévaler les pentes le dimanche, dans la proche station. Qui se souciait alors des effets de bord de ces Jeux? La fête était belle, tout le reste n’était qu’intendance, réglée, croyait-on, par des personnes compétentes et responsables. Et puis se sont insinuées petit à petit des questions concernant l’envers du décor. Les installations construites allaient-elles durer? Être profitables à la population locale? Les énormes dépenses énergétiques étaient-elles compatibles avec l’urgence de réduire notre consommation? Le lieu choisi avait-il les conditions météorologiques minimales? Le pays accueillant avait-il un régime politique digne de l’esprit olympique? Je laisse aux historiens de cette manifestation la tâche de décrire et de documenter la lente dégradation de l’image de ces Jeux qui s’est progressivement instaurée dans une partie du public, les aspects environnementaux, financiers et politiques finissant par dégoûter une partie du public dont je fais partie.
Tout a déjà été dit sur ces jeux de 2022 mais, comme pour le climat, il semble que la nausée soit plus supportable que la remise en question des intérêts financiers dans lesquels on est tous empêtrés.
Alors, comme dans la parabole du colibri, citée par feu Pierre Rabhi, je fais ma part. Mon geste n’aura aucun effet (sauf peut-être d’en agacer quelques-uns) mais je suivrai ainsi ce que Kant appelle la «loi morale en moi», dernière boussole pour orienter nos actions non boursières.
Richard Jaquemet
Publié aujourd’hui à 09h50
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