– Un après-midi à la Maison de retraite
OpinionCourrier des lecteurs
Publié aujourd’hui à 14h04
PIERRE ALBOUY
Genève, 1er juillet
Lundi 14 juin, 16 h. Salle de spectacle de la Maison de retraite du Petit-Saconnex (MRPS).
Séance d’«information» destinée aux familles des résidents sur une gigantesque opération immobilière, dans laquelle la Maison de retraite, institution publique, s’est engagée avec un groupe de puissants promoteurs, pas particulièrement connus pour leur philanthropie, selon le principe du partenariat public-privé (PPP), répété, tel un mantra lénifiant, par le directeur de l’établissement au cours de la séance…
La «Tribune de Genève» (24, 25, 26-27 et 30 juin 2021) a évoqué ce projet, ironiquement appelé «Côté Parc» alors que les tronçonneuses ont déjà réduit en bûches les arbres magnifiques du parc de l’entrée de la maison, sur l’avenue Trembley.
Cette présentation débuta par une vidéo sirupeuse, semblable à une publicité pour des vacances à Hawaï, déroulant les images du paradis que va devenir la MRPS: construction de quatre nouvelles barres d’immeubles offrant plus de 200 appartements en loyer libre, hôtel, équipements divers, mais surtout surélévation, jusqu’à cinq (!) étages, des bâtiments existants.
Tout cela dans un langage architectural trivial, totalement anachronique dans son expression, fait d’empilements ne répondant qu’à l’objectif de rentabilité. En effet, pas plus que la dimension humaine, la qualité formelle ne semble avoir la moindre importance dans ce projet: lors de la présentation, le directeur ignorait jusqu’au nom des architectes engagés dans cette dévastation! En revanche, il s’extasiait sur un espace résiduel entre les blocs, appelé, sans rire, «place du village».
Et les résidents dans tout cela? Ni eux, ni leurs familles n’ont été consultés préalablement. On leur sert ce projet indigeste sans autre choix que de l’avaler tout rond. Sans discussion.
Les deux ans et demi de chantier? Certes, il y aura des nuisances, du bruit, de la poussière, particulièrement pénibles pour des personnes fragilisées par l’âge, mais que voulez-vous, on n’a rien sans rien!
Une compensation est-elle prévue, par exemple une réduction de loyer? Vous rêvez! Il s’agit d’un PPP, partenariat pur-profit, et tant pis pour la qualité de la vie de nos aînés! Ils et elles n’avaient qu’à être de notre temps…
Bernard Zumthor
Publié aujourd’hui à 14h04
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