– Vignerons-encaveurs: la résistance se confirme
OpinionWilly Crétegny Président de l’ASVEI
Publié aujourd’hui à 07h14
Les vignerons-encaveurs résistent au rouleau compresseur de Berne. L’opposition s’est organisée depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle ordonnance le 1er janvier 2019. Elle s’exprime par le refus d’adhérer à l’organisme de contrôle des vins et leur contrôle. Le 22 juin, Alexandre Delétraz, jeune vigneron valaisan, a refusé le contrôle de sa cave. En 2018, l’OFAG (Office fédéral de l’agriculture) a supprimé le statut de producteur aux vignerons-encaveurs. Ces derniers n’acceptent pas cette absence de distinction entre un importateur et un producteur qui a de la terre sous les souliers.
L’OFAG a décidé de soumettre les producteurs aux mêmes exigences de contrôle et de comptabilité de cave qu’un grand importateur. Cela alors que la profession, par le biais de l’interprofession suisse des vins, a été unanime lors de la consultation pour demander que les producteurs gardent leur statut et bénéficie d’une comptabilité simplifiée. Cette demande a depuis été réitérée à chaque consultation.
L’autorité connaît tout de la production de ces derniers qui doivent annoncer chaque année les parcelles qu’ils cultivent, la surface, le cépage, le nombre de pieds à l’hectare, et le volume de cette production est sous le contrôle du canton. Pendant ce temps les camions de vins étrangers continuent d’entrer en Suisse sans avoir besoin de s’arrêter à la douane. Ils peuvent aller décharger dans les grands commerces avec pour seules preuves de l’origine des vins, des bulletins de livraison. De qui se moque-t-on?
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La proximité qui devrait être une chance devient une source de problèmes et de charges. On demande plus de papier à ceux d’ici qu’à ceux qui traversent les mers et avalent les kilomètres d’autoroute.
À force de nous charger administrativement, la plupart d’entre nous passons plus de temps dans nos bureaux que dans les vignes. L’ouverture des marchés et le libre-échange ne profitent finalement qu’aux productions étrangères.
Jusqu’en 2002, les vignerons-encaveurs suisses déclaraient leur surface, le cépage et la vendange était contrôlée par le canton, mais ils n’étaient pas soumis à la comptabilité de cave. C’est l’entrée en vigueur des bilatérales qui a mis un terme à cette pratique faite de bon sens et de confiance.
La distinction entre vigneron et commerce est très importante car les exigences administratives ne sont pas les mêmes pour celui qui achète, importe et revend des produits. Pour ceux-ci l’administration n’a aucun historique de la marchandise au départ, ce qui rend le suivi et la transparence plus délicate.
Les gens de la terre ne peuvent pas être traités comme des commerçants, ils travaillent la terre avec tous les risques que les saisons leur réservent. Ils n’ont aucune garantie de revenu et ils paient de plus en plus cher les changements climatiques.
Aujourd’hui, en 2021, 80 vignerons continuent de s’opposer et continueront à le faire malgré les menaces de Berne (poursuites pénales et financières). Nous ne voulons pas être assimilés à l’industrie alimentaire et au grand commerce. Le slogan du vigneron à lui seul exprime notre identité: «D’une seule main de la vigne à la cave.»
* Association suisse des vignerons-encaveurs indépendants
Président de l’Association suisse des vignerons-encaveurs indépendants
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Publié aujourd’hui à 07h14
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